Cigarette électronique: une aide efficace au sevrage tabagique ?

 

Commençons par rappeler que le tabac est la première cause évitable de plusieurs types de cancers et de nombreuses maladies cardiovasculaires, entre autres. La bonne nouvelle est qu’il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer. En effet, quel que soit l’âge du fumeur, il tirera toujours un bénéfice significatif en décrochant durablement, notamment du point de vue de la réduction du risque de certaines maladies chroniques. Mais comment arrêter en limitant les dégâts du sevrage ? Aujourd’hui, beaucoup de fumeurs, de tabacologues et autres professionnels de la santé louent l’impact positif de la cigarette électronique, à condition de la considérer comme une aide temporaire pour une transition plus fluide vers une vie sans nicotine. Qu’en est-il réellement ?

E-cigarette : que sait-on de sa toxicité ?

Quand on parle de l’éventuelle toxicité des cigarettes électroniques, il est évidemment question de l’e-liquide qu’elles contiennent et qui chauffe pour fournir la bouffée au vapoteur. Notons que la France impose une réglementation et des contrôles stricts en la matière. En effet, les e-liquides dans l’Hexagone doivent être enregistrés à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) six mois avant leur commercialisation. La vapeur inhalée par le vapoteur contient moins de substances toxiques que la fumée de la cigarette traditionnelle qui résulte, elle, de la combustion du tabac. A ce jour, il n’y a pas assez de recul pour permettre aux études cliniques et épidémiologiques de mesurer l’impact de l’utilisation des cigarettes électroniques sur le long terme.
En 2019, des cas de toxicité pulmonaire ont défrayé la chronique aux Etats-Unis. L’e-cigarette a rapidement été pointée du doigt. Cela dit, après une enquête poussée, il s’est avéré que les 1 888 cas recensés ont été causés par des e-liquides frelatés, achetés hors circuit officiel, et contenant des huiles de cannabis, du cannabis synthétique et de l’acétate de vitamine E, des substances interdites. Le coupable n’était donc pas la cigarette électronique, mais un détournement de l’usage de celle-ci dans le cadre d’un usage récréatif, et non pour arrêter le tabac.

Arrêter le tabac grâce à l’e-cigarette ?

Quel est l’intérêt de la cigarette électronique dans l’arrêt du tabac ? Posons la question autrement : la cigarette électronique permet-elle d’arrêter la cigarette classique ? L’expérience et les études en la matière nous permettent de répondre prudemment par l’affirmative. Aujourd’hui, l’e-cigarette est le produit le plus utilisé dans l’arrêt du tabac (28%, contre 18% pour les autres substituts nicotiniques et 10% pour le recours aux professionnels de santé), selon les données publiées par Santé publique France. Mieux encore : la cigarette électronique a permis à 700 000 personnes d’arrêter de fumer en l’espace de 7 ans en France, seule ou en association avec d’autres aides. Par ailleurs, au Royaume-Uni, une étude publiée dans la prestigieuse revue « New England Journal of Medicine » a révélé que la cigarette électronique est deux fois plus efficace comme aide au sevrage tabagique que les autres substituts nicotiniques (gommes à mâcher, patchs, sprays buccaux, etc.).
L’efficacité supérieure de la cigarette électronique comme aide au sevrage s’explique par le fait qu’au-delà de la délivrance de nicotine, elle permet au fumeur de garder ses rituels et les gestes associés au tabagisme. Il faut savoir qu’en plus de la dépendance physique, la cigarette classique induit une forte dépendance psychologique et comportementale que l’e-cigarette permet de satisfaire, contrairement aux autres substituts nicotiniques.

Quid de l’utilisation prolongée de la cigarette électronique ?

On observe souvent que des fumeurs qui adoptent la cigarette électronique comme aide au sevrage tabagique continuent de fumer du tabac en parallèle. Bien que toute baisse de la consommation des cigarettes classiques soit bénéfique pour la santé du fumeur, le fait est qu’associer vapotage et tabac peut causer des effets « pervers », comme une aggravation de l’addiction à la nicotine. Les « vapofumeurs », comme on les appelle, sont donc plus à la recherche d’une utilisation récréative qu’autre chose. Aussi, en cas de dépendance persistante à la nicotine chez les fumeurs sevrés du tabagisme grâce à l’e-cigarette, il est conseillé de consulter un médecin. Cette recommandation s’applique aussi aux ex-fumeurs qui continuent de vapoter au-delà de 12 mois après l’arrêt complet du tabac.